La revue Res Publica

Lors de mes études de 1er et 2e cycle universitaires, avec d’autres étudiants de l’Association des étudiants de philosophie de l’Université Paris 12 (actuelle UPEC), nous avons publiée à partir de 1992 une revue interne au département de philosophie d’abord intitulée Perspectives philosophiques. Celle-ci prenait la suite de l’ancienne revue des étudiants de philosophie : Aporia.

Perspectives philosophiques se voulait d’obédience moins métaphysicienne qu’Aporia, et, traitant de sujets d’actualité en plus d’histoire de la philosophie, elle marqua résolument son orientation de philosophie politique et son ouverture aux sciences humaines en général, en changeant de nom en 1996 avec son dixième numéro, pour devenir Res Publica : Philosophie & Sciences humaines. L’équipe de rédaction ainsi que les pages de la revue se sont également ouvertes à d’autres étudiant.e.s et auteur.e.s que celles et ceux du département de philosophie et de l’Université Paris 12. En 1999, afin d’étendre son lectorat au-delà des cercles universitaires, la revue prit une orientation « magazine » sans céder sur l’exigence de rigueur intellectuelle, et fut déposée dans plusieurs librairies parisiennes. Elle fut alors remarquée par les Presses Universitaires de France (PUF), qui en devinrent l’éditeur à partir du numéro 24 en 2000, sous ma direction et la rédaction en chef de Sonia Bressler, et avec une rédaction d’une dizaine de rédactrices et rédacteurs et chef.fe.s de rubrique.

Associée avec l’équipe du site K-Phi à destination des enseignant.e.s, élèves et étudiant.e.s en philosophie, la revue a également créé et géré au début des années 2000 un annuaire de sites web francophones consacrés à la philosophie et aux sciences humaines : CogitoSearch.com.

Au total, entre 1992 et 2005, trente neuf numéros plus deux en format « livre » et un hors-série ont été édités. De jeunes chercheuses et chercheurs ont ainsi été publié.e.s aux côtés de chercheuses et chercheurs reconnu.e.s dans divers domaines de la philosophie et des sciences humaines et de différents courants de pensée parfois très opposés : Ulrich Beck, Pierre Bourdieu, Jean Bricmont, Monique Canto-Sperber, Robert Castel, Malek Chebel, Noam Chomsky, Françoise Dastur, Frédéric Encel, Geneviève Fraisse, Marcel Gauchet, Susan George, Frédéric Gros, Jürgen Habermas, Eric Hobsbawm, Liliane Kandel, Axel Khan, Dominique Lecourt, Alain de Libéra, Dominique Méda, Laurent Mucchielli, Ruwen Ogien, Michel Onfray, Peter Sloterdijk, Pierre-André Taguieff, Jacques Testart, Irène Théry, Emmanuel Todd, Tzvetan Todorov, Michel Wieviorka, Catherine Wihtol de Wenden, etc. Cette diversité d’auteur.e.s reflétait la ligne éditoriale de la revue : exposer les débats, donner la parole aux divergences, rendre accessible à un public élargi les arguments et concepts des orientations intellectuelles en présence sur un thème donné : la mondialisation, l’écologie, la violence, la laïcité, le sexisme, la démocratie, le travail, l’école, la famille, les sciences, la bioéthique

Cette aventure de presque 15 ans a pris fin en 2005, après la publication de deux numéros thématiques aux éditions Manuscrit Université. Elle a permis à de jeunes étudiantes et étudiants et de jeunes chercheuses et chercheurs de vivre une odyssée particulièrement riche et stimulante, avant le développement exponentiel des revues en ligne. Chacune et chacun a continué son chemin depuis, enrichi.e de cette expérience de liberté éditoriale et intellectuelle.